Quoi qu’en disent les esprits chagrins, Google (book.google.com), le moteur de recherche des ouvrages numérisés du géant américain, peut apporter quelques bonnes surprises aux curieux du val d’Ouvèze. En effet, sous le terme de « Mollans », ce moteur nous propulse dans le tome IV des œuvres complètes de J.-J. Barthélémy, publié en 1821 par A. Belin et Bossange, page 585, et nous avons la joie de découvrir un texte curieux, une lettre du 18 janvier 1783 à M. de Saint-Vincens, qui raconte la trouvaille fortuite de quelque 300 cadavres : « Un particulier a trouvé à Mollans deux ou trois cents cadavres rangés les uns à côté des autres. Ils avaient chacun à côté d’eux une espèce de couteau fait de pierre à fusil. L’avidité de ce particulier a fait que sur-le-champ il a tout dérangé et tout brisé, espérant de trouver quelques pièces d’argent. Ses recherches ont été inutiles ; et il n’existe plus dans ce moment qu’un tas d’ossements brisés. Les couteaux ont été aussi mis en pièces. Ils avaient, lorsqu’ils étaient entiers, environ un pied de long. On n’a pu m’envoyer qu’un fragment qui a quatre pouces de longueur sur un de largeur. Il est triangulaire, et le bout est un peu recourbé. Il est aigu, paraissant avoir été poli à la meule. On serait tenté de croire que ces armes sont du temps où les habitants de cette contrée ne connaissaient pas l’usage du fer (Extr. de la lettre de M. de Saint-Vincens). »
On pense immédiatement au cimetière chalcolithique du Perpetairi (-2 500 ans environ avant J.-C.), fouillé en 1914 par les frères Catelan (1), repris par Rosselo (2) en 1960 puis par Jean Courtin (3). Une partie du mobilier exceptionnel trouvé a été présentée pendant des années au musée Calvet d’Avignon et la similitude avec la description ancienne nous incline à penser que l’identification du lieu est exacte.
Certes, on peut regretter la destruction d’un site certainement exceptionnel pour la connaissance de la Préhistoire du val d’Ouvèze ; le Mollanais de 1783 avait l’excuse de l’ignorance des choses de l’archéologie. Ce n’est plus forcément le cas de nos jours où bien des informations disparaissent à cause de l’avidité des plus-values foncières.
1. « Cimetière énéolithique de Perpetairi à Mollans (Drôme) » in Association Française pour l’Avancement des Sciences (Congrès du Havre, 1914), pp. 673-676.
2. « Les hypogées de Mollans (Drôme) », Cahiers rhodaniens, 8, 1961, pp. 3-22.
3. « La sépulture chalcolithique de Perpetairi à Mollans », Gallia Préhistoire, 1961, pp. 192-205.
* Article publié dans Mémoire d’Ouvèze, n° 7, 2007, p. 3.