Calade antique ?

Dans le premier numéro de Mémoire d’Ouvèze, il y a 20 ans…, nous nous interrogions sur la découverte d’un chemin empierré de galets de rivière. Nous reproduisons l’article ci-dessous, accompagné du plan napoléonien et des photos réalisées lors des travaux de la RD5.

« Les prochaines rectifications de la D5 nous ont amenés à suivre l’ancien chemin de
Mollans à Entrechaux qui doit, l’espace de deux virages, retrouver son ancienne vocation.
Le quartier Saint-Pierre est bien connu pour ses anciens habitats et la proximité des futurs travaux nécessitait une surveillance bienveillante.»

Les Trace De L'ancien Chemin De Mollans à Entrechaux Pendant Les Travaux D'élargissement De La Route
Élargissement de la RD5 en amont du cabanon Chabert
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Cadastre 1834. © AD Drôme.

« Point d’indices archéologiques dans la proximité des arbres arrachés. Soulagement. Sur notre lancée nous avons prospecté tout le chemin jusqu’au Toulourenc.
Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir, dégagée par les ravinements des pluies, une belle calade formée de galets de rivières parfaitement ordonnés, visible sur un mètre de large et s’étendant sur une dizaine de mètres en longueur. On la voit juste après le croisement avec le canal de l’Iscle du Vif qui s’enfonce par une voûte solide sous la route départementale.
Dès le premier abord on peut se laisser emporter par la conviction de la découverte d’une ancienne voie romaine – le quartier s’y prête – mais on revient rapidement à une hypothèse plus sage d’un empierrement XVIIIe voire XIXe car cette chaussée a été empruntée jusqu’à la construction de la route actuelle qui franchit la rivière sur un pont édifié au XIXe siècle.
Traces d’un autre temps, celui des chevaux, des charrettes et des diligences, à conserver du moins par la photographie, pour témoigner du savoir faire des anciens.»

La nécropole à hypogées préhistoriques du Perpétairi

Le rapport de prospection thématique réalisé en octobre 2023 sur la nécropole à hypogées préhistoriques du Perpetairi vient d’être mis en ligne sur le site HAL. On peut le consulter en version papier aux archives communales.

Réalisé sous la direction de Marie-Élise Porqueddu et Laurine Viel, il passe en revue les différentes cavités repérées en 1783 (voir lettre à M. de Saint-Vincent) puis fouillées en 1914 par les frères Catelan puis par  Rosello en 1960 et apporte un regard actualisé sur l’occupation du site. Première étape d’un travail qui devrait se poursuivre par des analyses C14 en 2024. Une présentation publique de ce travail pourrait être organisé en fin d’année à Mollans.

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Trois cents cadavres à Mollans*

Rapport 2023 Perpétairi Drôme 2214693
L'hypogée du Perpetairi en 2023, d'après « Prospection thématique octobre 2023. La nécropole à hypogées préhistoriques du Perpétairi (Mollans-sur-Ouvèze, Drôme)», par Marie-Élise Porqueddu et Laurine Viel.

Quoi qu’en disent les esprits chagrins, Google (book.google.com), le moteur de recherche des ouvrages numérisés du géant américain, peut apporter quelques bonnes surprises aux curieux du val d’Ouvèze. En effet, sous le terme de « Mollans », ce moteur nous propulse dans le tome IV des œuvres  complètes de J.-J. Barthélémy, publié en 1821 par A. Belin et Bossange, page 585, et nous avons la joie de découvrir un texte curieux, une lettre du 18 janvier 1783 à M. de Saint-Vincens, qui raconte la trouvaille fortuite de quelque 300 cadavres : « Un particulier a trouvé à Mollans deux ou trois cents cadavres rangés les uns à côté des autres. Ils avaient chacun à côté d’eux une espèce de couteau fait de pierre à fusil. L’avidité de ce particulier a fait que sur-le-champ il a tout dérangé et tout brisé, espérant de trouver quelques pièces d’argent. Ses recherches ont été inutiles ; et il n’existe plus dans ce moment qu’un tas d’ossements brisés. Les couteaux ont été aussi mis en pièces. Ils avaient, lorsqu’ils étaient entiers, environ un pied de long. On n’a pu m’envoyer qu’un fragment qui a quatre pouces de longueur sur un de largeur. Il est triangulaire, et le bout est un peu recourbé. Il est aigu, paraissant avoir été poli à la meule. On serait tenté de croire que ces armes sont du temps où les habitants de cette contrée ne connaissaient pas l’usage du fer (Extr. de la lettre de M. de Saint-Vincens). »
On pense immédiatement au cimetière chalcolithique du Perpetairi (-2 500 ans environ avant J.-C.), fouillé en 1914 par les frères Catelan (1), repris par Rosselo (2) en 1960 puis par Jean Courtin (3). Une partie du mobilier exceptionnel trouvé a été présentée pendant des années au musée Calvet d’Avignon et la similitude avec la description ancienne nous incline à penser que l’identification du lieu est exacte.
Certes, on peut regretter la destruction d’un site certainement exceptionnel pour la connaissance de la Préhistoire du val d’Ouvèze ; le Mollanais de 1783 avait l’excuse de l’ignorance des choses de l’archéologie. Ce n’est plus forcément le cas de nos jours où bien des informations disparaissent à cause de l’avidité des plus-values foncières.

1. « Cimetière énéolithique de Perpetairi à Mollans (Drôme) » in Association Française pour l’Avancement des Sciences (Congrès du Havre, 1914), pp. 673-676.
2. « Les hypogées de Mollans (Drôme) », Cahiers rhodaniens, 8, 1961, pp. 3-22.
3. « La sépulture chalcolithique de Perpetairi à Mollans », Gallia Préhistoire, 1961, pp. 192-205.

* Article publié dans Mémoire d’Ouvèze, n° 7, 2007, p. 3.