Les blancs de Blanc : les cocos de Mollans

Le titre de cette chronique  pourrait vous faire penser à un quelconque mousseux, à une lessive qui lave mieux que les autres ou à un parti politique de gauche. La juxtaposition des termes est d’ailleurs croustillante. C’est d’un légume universellement connu qu’il s’agit. Une simple histoire de haricots. Oui, mais quels haricots !
En consultant l’Internet, j’ai eu l’agréable surprise sur le site d’un chef réputé, Alain Ducasse, de découvrir que les cocos de Mollans agrémentaient un de ses menus : Limousin lamb, “haricot de mouton stew-style with “Cocos de Mollans” white beans. » Excusez du peu. Ce n’est donc pas de cuisine dont je vais vous entretenir, mais d’un ingrédient de la gastronomie française !
Les haricots viennent, comme la tomate, le poivron et bien d’autres légumes, des Amériques. Phaseolus est le nom générique de ce qui rassemble pas moins de 30 000 variétés de haricots. Et parmi toutes celles-là, il y a les inimitables cocos de Mollans, et en premier lieu, aujourd’hui, les blancs de Blanc. Pourquoi donc une majuscule à Blanc ? Tout simplement parce que c’est M. André Blanc, au quartier de La Jonche, qui est l’inventeur d’un haricot… blanc.
Nous avons rencontré sa fille, Vally Laget, née Blanc, et elle nous a conté l’histoire de ce merveilleux légume. Nous avons reconstitué notre dialogue : « Mon arrière-grand-père, après avoir quitté le moulin de la Blache à Eygaliers pour raison de santé, était venu s’installer à Mollans à la fin du XIXe siècle. Mon grand-père, Adrien, avait épousé Julie Pons d’Entrechaux. Quant à mon père, André, il est né à Mollans en 1907. Il a épousé Simone Clarisse, aussi d’Entrechaux.
Nous habitions dans une ferme à La Jonche. Et, contrairement à d’autres agriculteurs, notre récolte principale c’était les cocos. La plupart de nos terres étaient à l’arrosage.
Le terrain caillouteux de La Jonche donnait de meilleurs haricots qu’à L’Iscle par exemple, où le sol est argileux. À L’Iscle, les haricots sont plus gros, plus beaux, mais à La Jonche, même quand il a plu ils ne pourrissent pas. Ceux de L’Iscle sont aussi plus durs à la cuisson et plus farineux.
Nous avions deux variétés de cocos : les « précoces », qui venaient en deux mois et demi, et les «gros» qui mettaient trois mois pour arriver à maturité. Les variétés nouvelles comme le Manosque ne sont arrivées que bien plus tard. Quant au blanc de Blanc c’est en 1980 qu’il a fait son apparition.
Des haricots, tout le monde en faisait. Il n’y avait pas d’organisation coordonnée de producteurs, comme aujourd’hui le Syndicat des cocos. C’était chacun pour soi ! »

Comment cultive-t-on ces cocos ?

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« Mon père semait environ 100 kg de semence sur 6 – 7 ha ; il produisait lui-même sa semence d’une année sur l’autre en sélectionnant à la récolte les plus belles gousses. Il ne fallait pas semer avant la Saint-Marc, jour de fête à Mollans, le 25 avril. On semait d’abord des « gros ». La récolte s’échelonnait donc de la mi-juillet jusqu’à la mi-octobre. Sur les terres retournées après la moisson on mettait des précoces, au plus tard fin juillet. Pour les « gros » il ne fallait pas passer le 22 juillet. Parfois des gelées à la Saint-Michel clôturaient la campagne.
On semait en plots de 3, distants de 15-18 cm, à la main. À quasi-maturité, un premier ramassage sur les plantes enlevait les plus belles gousses, suivi quelques jours plus tard par l’arrachage qui devait être très méticuleux. Il ne fallait surtout pas que la terre vienne salir les haricots. Et donc on arrachait les plants par poignées et on maintenait les racines en l’air en formant de petits tas. Puis on chargeait la charrette en deux rangées vis-à-vis seulement. »
Le rendement est quelque chose de secret chez le cultivateur de haricots. Certains d’entre eux, vieille habitude paysanne, minimisent la productivité : « écris pas plus de 2 t/ha dans ton article…». Au cas où l’on ferait la multiplication (je l’ai faite…). D’autres sont beaucoup plus optimistes : 3-4 t/ha. Bref, comme on dit, ça dépend…
La séparation des cosses et des rames était également très minutieuse. Assis sur une caisse, on prenait les plantes en veillant à maintenir la terre du même côté, puis on enlevait les cosses qu’on classait, en fonction de leurs qualités, dans différentes caisses : une pour les beaux, une pour les fanés et une pour les beaux-fanés qui allaient servir pour la semence, et une dernière caisse pour les tout-venants, les « passis ». « On portait nos haricots à des négociants, à Mollans. Le plus gros c’était Abel Blanc, à la Fontaine », mais il y avait aussi Albert Bonnet et Abel Jouve, comme nous l’a indiqué Raymond Rossi. Les cocos étaient expédiés par le petit train vers Lyon, quai Saint-Antoine, ou à Marseille. Ils étaient conditionnés en bauges, des sacs en toile de jute ; puis, plus tard, on a utilisé des banastes avec un couvercle qu’on appelait des « mussy ». En pleine production c’est 1 ou 2 wagons par jour qui quittaient Mollans. Après l’arrêt de la ligne de chemin de fer en 1952, il a fallu aller aux marchés, d’abord celui de Vaison, puis celui de Carpentras, et même de Châteaurenard.
La célébration de la récolte ne s’accompagnait pas d’une fête, dans les années 30 ou 40, comme pour les moissons ou les vendanges.

Et nos blancs de Blanc ?

De quoi s’agit-il ? Ce sont des cocos dont les cosses sont parfaitement blanches, grosses et sans défaut et ce même avant d’être arrivés à complète maturité. D’où viennent-ils ? Je ne trahirai aucun secret en disant que c’est M. Blanc qui, étant à court de sa propre semence, en a acheté on ne sait où, à Vaison peut-être ; et il a eu des plantes toutes blanches : il était tombé sur un lot particulièrement remarquable qu’il a ensuite stabilisé d’année en année par sélection des plus belles cosses. À un moment donné il n’y avait que lui qui avait ce haricot-là. « Même pas mûrs ils sont blancs. » Et quand il arrivait sur le marché de Carpentras, les acheteurs se les disputaient. Ce haricot a la particularité de n’avoir pas de chlorophylle. Et c’est cela qui plaît. C’est un peu comme les lisses golden jaunes et les petites pommes roses et rabougries dont je vous entretiens dans l’article sur la panaille. « Il faut reconnaître que ces haricots-là n’ont pas le même goût que les autres. Notamment ils se rapprochent plus du haricot précoce que des gros », souligne Vally Laget. Certains à Mollans, rares, ont conservé et reproduisent leur ancienne semence, et proposent à une vente confidentielle des « anciens ».
Pour ma part je me mouillerai en donnant ma préférence : j’ai un penchant pour les cocos anciens, car ils ont, à mon sens, une peau plus fine et plus digeste, surtout lorsqu’on les consomme tièdes en salade, avec une lichette d’huile d’olive. Mais il est vrai qu’avec une bonne saucisse et un peu de tomate il est peut-être plus difficile de faire la différence.
Ai-je tout dit sur ces blancs de Blanc ? Pas tout à fait, mais c’est un secret…
Et comme tout secret ça doit rester secret.

 
 

Escargots et huile l’olive

Lors de la restauration de la chapelle des Pénitents, en 1987, furent trouvées, négligemment entassées dans quelques casiers qui conservaient les effets des confrères – des livres d’heures et des « bourras » –, des centaines de coquilles d’escargots vides.
Relief de defructus, le repas annuel et convivial des confrères ? Mais pourquoi conserver des coquilles vides de petits gris ? Le mystère était entier.

L’explication me fut donnée par la lecture d’un document conservé dans le fonds paroissial, rédigé par Victor Eynard, curé de Mollans en 1849 : « Le Jeudi-Saint, dans l’après-midi, les habitants de Mollans se préparent à l’illumination qu’ils font ordinairement le soir à la nuit tombante de ce jour, lorsque le temps est calme et beau pour faire la procession. La confrérie des Pénitents se distingue par son empressement et son exactitude à assister à cette procession. C’est sans contre dit la circonstance de l’année où les habitants de Mollans sont réunis en plus grand nombre dans l’église et en procession (…). Les rues par où passe la procession sont éclairées comme si on était en plein jour ; chacun rivalise de zèle et s’applique à mieux illuminer que son voisin. Il est des maisons qui font brûler jusqu’à quatre cents lampions ou flambeaux que l’on multiplie facilement au moyen de coquillages appliqués aux murs et aux fenêtres avec la terre glaise, disposés en figures telles que croix, ostensoirs, reliquaires. Cette procession, après 1830, avait été suspendue par M. Goudard mon prédécesseur à cause du peu de recueillement qu’on y observait, ou plutôt des désordres qu’elle occasionnait. En 1849, année de mon arrivée à Mollans, un grand nombre de personnes, constituées en dignité, les autorités en tête, vinrent me prier de rétablir cette procession fondée sans doute primitivement pour rendre au Sacrement Auguste de l’Eucharistie les hommages et la reconnaissance qui sont dus à N.S.J.C. dans ce sacrement… Et je consentis à ce que cette procession se fît. »

Tout s’illuminait ! Les traces claires d’argile disposées à intervalles réguliers au-dessus du linteau de la porte de la chapelle et surmontées d’une traînée de noir de fumée étaient les derniers témoins de cette illumination, car ils avaient été protégés par le soustet qui porte la tribune.
Cette ancienne tradition restaurée n’a pas survécu au XIXe siècle et elle s’éteignit certainement avec les derniers confrères en 1874. Pourtant, en d’autres lieux, à Gorbio par exemple, dans le comté de Nice, subsistent des « processions aux limaces » ainsi que les illuminations correspondantes : le folklore a remplacé la dévotion.

Les Peintres dans la rue vont fêter leurs 40 ans

Initiés en 1984 par Claude Boileau et déclarés officiellement le 19 mai 1989, Les Peintres dans la rue sont des pionniers dans la région. Leurs buts : promouvoir l’art sous toutes ses formes ; organiser des expositions et en particulier une exposition annuelle d’été.
Quelques photos de l’été 1985 nous rappellent ces instants de sympathique convivialité.
En 1987, avec l’inauguration de la chapelle des pénitents partiellement restaurée, c’est le début d’une période faste ; les exposants se disputent l’espace de la Grande Rue jusqu’au Portalet, des numéros marquent les emplacements au sol. La chapelle accueille pour la première fois un invité d’honneur, Jean Bouchet de Mérindol, si ma mémoire ne me fait pas défaut.
Et Claude Boileau s’affaire, comme aujourd’hui Henri Bouyol, pour servir le café.

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La place Haute et la Grande Rue, un peu vides
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Mais elle se remplit rapidement
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Non, Daniel Sue et Henri Fabre n'exposent pas des affiches !
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Claude Boileau, au four et au moulin
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Ce n'est pas un étendage mais des œuvres d'art !
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À l'ombre, c'est pas mal...
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Ici, on ne vend plus de pain...
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Juliette Colin, quelque peu perturbée par la nouveauté

En attendant 1905

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Photographie Fonds Jean Bonnet.

On ne pouvait laisser finir 2005* sans évoquer la loi de Séparation des Églises et de l’État. Non que nous soyons un fanatique des célébrations nationales, loin de là. Mais il nous a semblé amusant d’illustrer par l’anecdote les prémices ruraux d’un texte législatif qui allait bouleverser l’enseignement dans nos campagnes. Nombreux ont été sous l’Ancien Régime les instituteurs laïcs qui ont ensemencé de leur savoir les esprits fertiles des jeunes Mollanais. Toutefois, l’école de filles et l’asile étaient administrés d’une main de fer par des religieuses.
Elles s’étaient installées vers 1846 grâce aux libéralités de Marie Sylvie Cottier qui, dans son testament, avait légué un bâtiment pour loger des religieuses enseignantes.
Puis, à partir de 1863 elles firent classe dans les locaux de la nouvelle mairie ; elles présidaient à l’éducation de 30 enfants et jeunes filles. Une belle photographie, prise aux environs de 1900, nous rappelle cette époque. Les Mollanais reconnaîtront facilement les lieux grâce aux quatre arches qui surplombent la scène.
C’est, à n’en pas douter, la plus ancienne photo de classe conservée à Mollans. Mais tout était-il rose ?
En 1871, les initiatives d’une pédagogie musclée ne sont pas du goût de tout le monde. Jean-Joseph Romieu, dans son livre de raison 1, rapporte les griefs qui sont soulevés en conseil municipal à l’encontre des religieuses. On ne demande pas moins que leur remplacement par des institutrices laïques : « Une foule de plaintes sont portées à l’endroit de la supérieure et de la soeur qui dirigent la grand’classe. D’abord, sans parler de l’instruction de nos jeunes filles qui est en souffrance, ces deux dames agissent avec une partialité très prononcée, elles n’étudient nullement le caractère des enfants placés sous leur direction et au lieu d’agir avec douceur la plupart de ces jeunes filles sont brutalisées. Il est prouvé que bien des pères de famille enlèvent leurs enfants de l’école plus tôt qu’ils ne le feraient si nous avions des institutrices convenables ; il y en a même qui vont à l’école mixte de la commune de Pierrelongue à trois kilomètres de Mollans. » Rien ne va plus.
1880 : nouvelle polémique, dans l’autre sens cette fois : « Si c’était la question de laïcité qu’on voulait viser, je considérais déjà qu’il y avait beaucoup plus de plaintes contre l’instituteur laïque qui dirige l’école des garçons que contre les religieuses dirigeant l’école des filles et l’asile.»
Le décor est planté : Le petit père Combes peut dérouler sa loi !

1. Jean-Joseph Romieu, Mollanais, livre de raison retranscrit par Jean-François Colonat, Les Deux Briefs, 2001.

Cet article a été publié en 2005 dans le n° 4 de Mémoire d’Ouvèze.

Outrage du temps

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Lorsque l’on regarde les mufles de la fontaine au dauphin on s’aperçoit que certains d’entre eux ont perdu des fragments de pierre qu’un « rapetassage » maladroit a du mal à masquer. Le temps a fait son œuvre semble-t-il, et nos édiles ont certainement tenté de faire subir un lifting à ces figures historiques. Mais est-on bien sûr que ce soit l’œuvre des ans et les rides des siècles?
Mollans n’a pas échappé comme la plupart des communes de France à une gesticulation communicative qui conduit en notre siècle à brûler des voitures ou des poubelles pour signifier un mal être que seule la violence gratuite peut compenser.
C’est bien le cas ici, un avatar des vandalismes qui ont jalonné et accompagné trop souvent notre histoire, l’expression rude d’un mécontentement face à des événements mal acceptés. Ainsi le 11 septembre 1787 les habitants réunis en assemblée générale ont constaté que dans la « nuit du neuf au dix on a arraché un des tuyeaux de la grande fontaine publique qui coule au bout du pont de ce lieu et abattu le menton d’un des muffles en sculpture de ladite fontaine dans la bouche duquel ledit tuyeau était cimenté. Tout de suite ledit sieur Vial, consul, est allé à ladite fontaine ; il a, en présence de plusieurs personnes, fait vuider une partie de l’eau du bassin où ledit tuyeau s’étant trouvé l’en a fait tirer. Il est à présumer que ledit tuyeau ainsi que le menton du muffle ont été abbatus à grands coups de pierres attendu qu’on voit à quelqu’un des autres tuyaux la marque des pierres qui y ont pareillement été jettées. Comme les désordres méritent punition lesdits sieurs consuls ont fait convoquer la présente assemblée afin qu’elle délibère sur ce qu’ils ont à faire, observant encore qu’il y a environ dix à douze jours qu’on avoit mis des ordures aux tuyeaux qui coulent dans le lavoir près de ladite fontaine et à celui qui coule hors dudit lavoir.
Sur l’exposé ci dessus l’assemblée a délibéré de prendre les moyens convenables pour découvrir les auteurs des insultes faites à la fontaine et faire cesser ces désordres. Elle donne pouvoir aux consuls de faire la dénonciation à la justice, et de consulter à ce sujet, approuvant les dépenses qui seront faites ».
On n’en saura pas plus. Les coupables des désordres ont-ils été châtiés ?

Quel est le mufle qui a été cassé ? Ils le sont tous aujourd’hui !

u Article publié dans Mémoire d’Ouvèze n° 1, 2004.

Trois cents cadavres à Mollans*

Rapport 2023 Perpétairi Drôme 2214693
L'hypogée du Perpetairi en 2023, d'après « Prospection thématique octobre 2023. La nécropole à hypogées préhistoriques du Perpétairi (Mollans-sur-Ouvèze, Drôme)», par Marie-Élise Porqueddu et Laurine Viel.

Quoi qu’en disent les esprits chagrins, Google (book.google.com), le moteur de recherche des ouvrages numérisés du géant américain, peut apporter quelques bonnes surprises aux curieux du val d’Ouvèze. En effet, sous le terme de « Mollans », ce moteur nous propulse dans le tome IV des œuvres  complètes de J.-J. Barthélémy, publié en 1821 par A. Belin et Bossange, page 585, et nous avons la joie de découvrir un texte curieux, une lettre du 18 janvier 1783 à M. de Saint-Vincens, qui raconte la trouvaille fortuite de quelque 300 cadavres : « Un particulier a trouvé à Mollans deux ou trois cents cadavres rangés les uns à côté des autres. Ils avaient chacun à côté d’eux une espèce de couteau fait de pierre à fusil. L’avidité de ce particulier a fait que sur-le-champ il a tout dérangé et tout brisé, espérant de trouver quelques pièces d’argent. Ses recherches ont été inutiles ; et il n’existe plus dans ce moment qu’un tas d’ossements brisés. Les couteaux ont été aussi mis en pièces. Ils avaient, lorsqu’ils étaient entiers, environ un pied de long. On n’a pu m’envoyer qu’un fragment qui a quatre pouces de longueur sur un de largeur. Il est triangulaire, et le bout est un peu recourbé. Il est aigu, paraissant avoir été poli à la meule. On serait tenté de croire que ces armes sont du temps où les habitants de cette contrée ne connaissaient pas l’usage du fer (Extr. de la lettre de M. de Saint-Vincens). »
On pense immédiatement au cimetière chalcolithique du Perpetairi (-2 500 ans environ avant J.-C.), fouillé en 1914 par les frères Catelan (1), repris par Rosselo (2) en 1960 puis par Jean Courtin (3). Une partie du mobilier exceptionnel trouvé a été présentée pendant des années au musée Calvet d’Avignon et la similitude avec la description ancienne nous incline à penser que l’identification du lieu est exacte.
Certes, on peut regretter la destruction d’un site certainement exceptionnel pour la connaissance de la Préhistoire du val d’Ouvèze ; le Mollanais de 1783 avait l’excuse de l’ignorance des choses de l’archéologie. Ce n’est plus forcément le cas de nos jours où bien des informations disparaissent à cause de l’avidité des plus-values foncières.

1. « Cimetière énéolithique de Perpetairi à Mollans (Drôme) » in Association Française pour l’Avancement des Sciences (Congrès du Havre, 1914), pp. 673-676.
2. « Les hypogées de Mollans (Drôme) », Cahiers rhodaniens, 8, 1961, pp. 3-22.
3. « La sépulture chalcolithique de Perpetairi à Mollans », Gallia Préhistoire, 1961, pp. 192-205.

* Article publié dans Mémoire d’Ouvèze, n° 7, 2007, p. 3.

La chapelle Saint-Michel

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La chapelle Saint-Michel dans le cimetière de Mollans, autrefois église paroissiale, était administrée par un prieur qui partageait la dime avec le prieur régulier de Saint-Pierre, l’autre paroisse, et le curé. À la suite de sa ruine pendant les guerres de Religion, Pierre d’Urre, seigneur de Mollans, dans son testament en 1611, légua 300 livres pour la rétablir. 60 ans s’écoulèrent avant que e prieur Michel Astier de Cromecières ne fit un procès aux héritiers du seigneur pour reconstruire la chapelle, tombeau de la famille d’Urre.

Reconstruction de la chapelle Notre-Dame du Pont

Chapelle Du Pont
La Chapelle Du Pont Et Le Bar Du Pont

Le texte que nous reproduisons ci-après, dans une orthographe modernisée, a déjà été publié en 1974 dans le n° 1 de Mollans-sur-Ouvèze. Revue d’études locales. Il est consigné dans un registre des archives paroissiales où sont notés, par les curés successifs, les détails de la construction et de l’entretien des deux chapelles du pont (1729 et 1851) sur 120 ans.