Alors que le transport des denrées de toutes sortes s’effectuait depuis toujours à dos d’âne, une mutation de première importance eut lieu à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée des tombereaux. Il y avait donc urgence à modifier efficacement le profil des rues pour l’adapter à ces nouveaux moyens de transport. C’est ainsi qu’en 1874 l’administration municipale d’Henri Roux, le maire de l’époque, se saisit du dossier et demande au service vicinal d’établir un projet d’urgence. Celui-ci déclare alors que « l’amélioration de la rue de l’Ouvèze est d’une grande utilité pour les habitants de Mollans ».
Pour cette modeste amélioration, le devis se monte à 100 francs. Ce qui est remarquable, c’est l’évolution du profil de la rue, qui passe d’un profil de galets en V de 20 cm au centre à un nouveau profil bombé de 10 cm en terre, bordé de chaque côté de caniveaux de galets de 10 cm pour diriger l’eau tombée des toits vers la rivière. Ainsi, autrefois, le mulet et son muletier progressaient au milieu de la rue et n’était pas arrosé par la pluie des toitures.
Avec l’arrivée des tombereaux avec de très grandes roues et la modification proposée, le mulet circulait toujours au milieu du chemin et les roues du tombereau roulaient dans les caniveaux, sans toucher le sol.
Aujourd’hui tout a changé. La voiture automobile a envahi les quartiers, frôlant parfois de quelques centimètres le haut de la chaussée, les roues toujours dans les caniveaux. Et donc on a cru bon de revenir à un profil « à l’ancienne » en « V », comme avant… Plus de caniveaux ni de rigoles et un léger décaissé qui évite aux carters des automobiles de frotter sur le sol et qui guide l’eau de pluie au centre de la rue. Sauf que le piéton du siècle dernier pouvait marcher au centre de la rue, sur le « bombé » évitant ainsi la pluie tombant des toits. Aujourd’hui, soit on circule à pied au centre de la rue et on a de l’eau jusqu’aux chevilles (les cheneaux sont rares…), soit on circule en bord de rue et là, on reçoit toute la pluie des toits, comme les ânes du XIXe siècles.
Au final, les ânes ont déserté Mollans, nous, piétons, les avons remplacés !