L’eau à Mollans

Fontaine Au Dauphin

S’il est un lieu commun aujourd’hui c’est bien de parler d’eau et, de fait, la gestion de cette ressource essentielle commence à devenir préoccupante ; la diminution des ressources et l’augmentation des besoins est la marque de notre époque.
En 2015 nous avons fêté le Tricentenaire de la fontaine au dauphin, enfin 300 ans + 1 an, pour cause d’élections municipales ! À cette occasion, de nombreuses animations ont été concoctées par les associations locales autour d’un projet fédérateur.
C’est dans ce contexte que Michel Hugues avec les Amis de Mollans a réalisé une vidéo qui retrace l’aventure aquatique du village depuis la première recherche de source en 1713 jusqu’à la création du réseau des fontaines.

Escargots et huile l’olive

Lors de la restauration de la chapelle des Pénitents, en 1987, furent trouvées, négligemment entassées dans quelques casiers qui conservaient les effets des confrères – des livres d’heures et des « bourras » –, des centaines de coquilles d’escargots vides.
Relief de defructus, le repas annuel et convivial des confrères ? Mais pourquoi conserver des coquilles vides de petits gris ? Le mystère était entier.

L’explication me fut donnée par la lecture d’un document conservé dans le fonds paroissial, rédigé par Victor Eynard, curé de Mollans en 1849 : « Le Jeudi-Saint, dans l’après-midi, les habitants de Mollans se préparent à l’illumination qu’ils font ordinairement le soir à la nuit tombante de ce jour, lorsque le temps est calme et beau pour faire la procession. La confrérie des Pénitents se distingue par son empressement et son exactitude à assister à cette procession. C’est sans contre dit la circonstance de l’année où les habitants de Mollans sont réunis en plus grand nombre dans l’église et en procession (…). Les rues par où passe la procession sont éclairées comme si on était en plein jour ; chacun rivalise de zèle et s’applique à mieux illuminer que son voisin. Il est des maisons qui font brûler jusqu’à quatre cents lampions ou flambeaux que l’on multiplie facilement au moyen de coquillages appliqués aux murs et aux fenêtres avec la terre glaise, disposés en figures telles que croix, ostensoirs, reliquaires. Cette procession, après 1830, avait été suspendue par M. Goudard mon prédécesseur à cause du peu de recueillement qu’on y observait, ou plutôt des désordres qu’elle occasionnait. En 1849, année de mon arrivée à Mollans, un grand nombre de personnes, constituées en dignité, les autorités en tête, vinrent me prier de rétablir cette procession fondée sans doute primitivement pour rendre au Sacrement Auguste de l’Eucharistie les hommages et la reconnaissance qui sont dus à N.S.J.C. dans ce sacrement… Et je consentis à ce que cette procession se fît. »

Tout s’illuminait ! Les traces claires d’argile disposées à intervalles réguliers au-dessus du linteau de la porte de la chapelle et surmontées d’une traînée de noir de fumée étaient les derniers témoins de cette illumination, car ils avaient été protégés par le soustet qui porte la tribune.
Cette ancienne tradition restaurée n’a pas survécu au XIXe siècle et elle s’éteignit certainement avec les derniers confrères en 1874. Pourtant, en d’autres lieux, à Gorbio par exemple, dans le comté de Nice, subsistent des « processions aux limaces » ainsi que les illuminations correspondantes : le folklore a remplacé la dévotion.

Les Peintres dans la rue vont fêter leurs 40 ans

Initiés en 1984 par Claude Boileau et déclarés officiellement le 19 mai 1989, Les Peintres dans la rue sont des pionniers dans la région. Leurs buts : promouvoir l’art sous toutes ses formes ; organiser des expositions et en particulier une exposition annuelle d’été.
Quelques photos de l’été 1985 nous rappellent ces instants de sympathique convivialité.
En 1987, avec l’inauguration de la chapelle des pénitents partiellement restaurée, c’est le début d’une période faste ; les exposants se disputent l’espace de la Grande Rue jusqu’au Portalet, des numéros marquent les emplacements au sol. La chapelle accueille pour la première fois un invité d’honneur, Jean Bouchet de Mérindol, si ma mémoire ne me fait pas défaut.
Et Claude Boileau s’affaire, comme aujourd’hui Henri Bouyol, pour servir le café.

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La place Haute et la Grande Rue, un peu vides
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Mais elle se remplit rapidement
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Non, Daniel Sue et Henri Fabre n'exposent pas des affiches !
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Claude Boileau, au four et au moulin
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Ce n'est pas un étendage mais des œuvres d'art !
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À l'ombre, c'est pas mal...
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Ici, on ne vend plus de pain...
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Juliette Colin, quelque peu perturbée par la nouveauté

En attendant 1905

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Photographie Fonds Jean Bonnet.

On ne pouvait laisser finir 2005* sans évoquer la loi de Séparation des Églises et de l’État. Non que nous soyons un fanatique des célébrations nationales, loin de là. Mais il nous a semblé amusant d’illustrer par l’anecdote les prémices ruraux d’un texte législatif qui allait bouleverser l’enseignement dans nos campagnes. Nombreux ont été sous l’Ancien Régime les instituteurs laïcs qui ont ensemencé de leur savoir les esprits fertiles des jeunes Mollanais. Toutefois, l’école de filles et l’asile étaient administrés d’une main de fer par des religieuses.
Elles s’étaient installées vers 1846 grâce aux libéralités de Marie Sylvie Cottier qui, dans son testament, avait légué un bâtiment pour loger des religieuses enseignantes.
Puis, à partir de 1863 elles firent classe dans les locaux de la nouvelle mairie ; elles présidaient à l’éducation de 30 enfants et jeunes filles. Une belle photographie, prise aux environs de 1900, nous rappelle cette époque. Les Mollanais reconnaîtront facilement les lieux grâce aux quatre arches qui surplombent la scène.
C’est, à n’en pas douter, la plus ancienne photo de classe conservée à Mollans. Mais tout était-il rose ?
En 1871, les initiatives d’une pédagogie musclée ne sont pas du goût de tout le monde. Jean-Joseph Romieu, dans son livre de raison 1, rapporte les griefs qui sont soulevés en conseil municipal à l’encontre des religieuses. On ne demande pas moins que leur remplacement par des institutrices laïques : « Une foule de plaintes sont portées à l’endroit de la supérieure et de la soeur qui dirigent la grand’classe. D’abord, sans parler de l’instruction de nos jeunes filles qui est en souffrance, ces deux dames agissent avec une partialité très prononcée, elles n’étudient nullement le caractère des enfants placés sous leur direction et au lieu d’agir avec douceur la plupart de ces jeunes filles sont brutalisées. Il est prouvé que bien des pères de famille enlèvent leurs enfants de l’école plus tôt qu’ils ne le feraient si nous avions des institutrices convenables ; il y en a même qui vont à l’école mixte de la commune de Pierrelongue à trois kilomètres de Mollans. » Rien ne va plus.
1880 : nouvelle polémique, dans l’autre sens cette fois : « Si c’était la question de laïcité qu’on voulait viser, je considérais déjà qu’il y avait beaucoup plus de plaintes contre l’instituteur laïque qui dirige l’école des garçons que contre les religieuses dirigeant l’école des filles et l’asile.»
Le décor est planté : Le petit père Combes peut dérouler sa loi !

1. Jean-Joseph Romieu, Mollanais, livre de raison retranscrit par Jean-François Colonat, Les Deux Briefs, 2001.

Cet article a été publié en 2005 dans le n° 4 de Mémoire d’Ouvèze.

La barrette rouge

Dans les années 1950-1960 et peut-être depuis bien plus longtemps encore, circulait,
dans le haut Mollans, une sorte de fable que nos parents et amis nous contaient dans le but inavoué mais implicite de nous éloigner des pentes raides que domine le château : la barrette rouge. C’était, nous expliquait-on, un méchant personnage, qui hantait les ruines du vieux château médiéval et attrapait les petits enfants qui s’aventuraient dans son domaine. Un de nos jeux favoris était, en effet, de se laisser glisser à toute vitesse sur la pente rocheuse, assis sur un carton, une pierre plate ou une planche.
L’existence de ce personnage mystérieux et redoutable m’avait été rapportée une première fois par une vieille demoiselle, Lucie Jarjaille, qui habitait non loin du château, dans une maison sans eau courante, chauffée par une simple cheminée de plâtre qui faisait office de cuisinière. Elle était en effet certainement la dernière villageoise à cuisiner ainsi, dans des chaudrons en fonte posés sur un trépied ou accrochés à une crémaillère, ses soupes et autres préparations.
Une modeste ampoule de quelques watts suffisait à éclairer une pièce sombre, chargée des effluves des cuissons en cours ; cette pièce, laissée dans son « jus », n’avait pas vu de peinture depuis au moins un siècle.
La présence hypothétique de cette « barrette rouge » ne freinait pas nos aventures : de toute façon nous ne l’avions jamais aperçue, même de loin.

Barrette Rouge

Plus tard je me suis interrogé sur l’origine de cette fable. L’hypothèse d’un ecclésiastique de haut rang, un « prince de l’Église », séjournant avant la Révolution au château bas, m’est apparue comme l’explication la plus plausible. Certes, la famille de Simiane, derniers seigneurs du lieu, avait quitté Mollans en 1735 pour aller occuper une demeure plus fastueuse à Valréas. Mais il n’est pas exclu que les plaisirs campagnards n’aient attiré quelque ecclésiastique mitré de leur famille, soucieux de se ressourcer dans ce petit village éloigné des orgueils urbains et de préserver de son autorité le calme de cette villégiature rurale.

La nécropole à hypogées préhistoriques du Perpétairi

Le rapport de prospection thématique réalisé en octobre 2023 sur la nécropole à hypogées préhistoriques du Perpetairi vient d’être mis en ligne sur le site HAL. On peut le consulter en version papier aux archives communales.

Réalisé sous la direction de Marie-Élise Porqueddu et Laurine Viel, il passe en revue les différentes cavités repérées en 1783 (voir lettre à M. de Saint-Vincent) puis fouillées en 1914 par les frères Catelan puis par  Rosello en 1960 et apporte un regard actualisé sur l’occupation du site. Première étape d’un travail qui devrait se poursuivre par des analyses C14 en 2024. Une présentation publique de ce travail pourrait être organisé en fin d’année à Mollans.

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Actualités

Visites 2024
Lei Coude Trouca

Des visites particulières peuvent être organisées sur rendez-vous.
Nous contacter : amisdemollans@gmail.com

Participation libre

Nota : certaines rues du village ou édifices comportent des escaliers
et ne sont donc pas accessibles aux fauteuils  roulants.

Le quatrième numéro de Lei Coude Trouca, consacré aux décors et tableaux de l’église Saint-Marcel paraît ce lundi 27 mai 2024.

Prix 10 €.

Disponible à l’Office du Tourisme, au Bar du Pont et chez Natur’Appy.

Outrage du temps

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Lorsque l’on regarde les mufles de la fontaine au dauphin on s’aperçoit que certains d’entre eux ont perdu des fragments de pierre qu’un « rapetassage » maladroit a du mal à masquer. Le temps a fait son œuvre semble-t-il, et nos édiles ont certainement tenté de faire subir un lifting à ces figures historiques. Mais est-on bien sûr que ce soit l’œuvre des ans et les rides des siècles?
Mollans n’a pas échappé comme la plupart des communes de France à une gesticulation communicative qui conduit en notre siècle à brûler des voitures ou des poubelles pour signifier un mal être que seule la violence gratuite peut compenser.
C’est bien le cas ici, un avatar des vandalismes qui ont jalonné et accompagné trop souvent notre histoire, l’expression rude d’un mécontentement face à des événements mal acceptés. Ainsi le 11 septembre 1787 les habitants réunis en assemblée générale ont constaté que dans la « nuit du neuf au dix on a arraché un des tuyeaux de la grande fontaine publique qui coule au bout du pont de ce lieu et abattu le menton d’un des muffles en sculpture de ladite fontaine dans la bouche duquel ledit tuyeau était cimenté. Tout de suite ledit sieur Vial, consul, est allé à ladite fontaine ; il a, en présence de plusieurs personnes, fait vuider une partie de l’eau du bassin où ledit tuyeau s’étant trouvé l’en a fait tirer. Il est à présumer que ledit tuyeau ainsi que le menton du muffle ont été abbatus à grands coups de pierres attendu qu’on voit à quelqu’un des autres tuyaux la marque des pierres qui y ont pareillement été jettées. Comme les désordres méritent punition lesdits sieurs consuls ont fait convoquer la présente assemblée afin qu’elle délibère sur ce qu’ils ont à faire, observant encore qu’il y a environ dix à douze jours qu’on avoit mis des ordures aux tuyeaux qui coulent dans le lavoir près de ladite fontaine et à celui qui coule hors dudit lavoir.
Sur l’exposé ci dessus l’assemblée a délibéré de prendre les moyens convenables pour découvrir les auteurs des insultes faites à la fontaine et faire cesser ces désordres. Elle donne pouvoir aux consuls de faire la dénonciation à la justice, et de consulter à ce sujet, approuvant les dépenses qui seront faites ».
On n’en saura pas plus. Les coupables des désordres ont-ils été châtiés ?

Quel est le mufle qui a été cassé ? Ils le sont tous aujourd’hui !

u Article publié dans Mémoire d’Ouvèze n° 1, 2004.

Trois cents cadavres à Mollans*

Rapport 2023 Perpétairi Drôme 2214693
L'hypogée du Perpetairi en 2023, d'après « Prospection thématique octobre 2023. La nécropole à hypogées préhistoriques du Perpétairi (Mollans-sur-Ouvèze, Drôme)», par Marie-Élise Porqueddu et Laurine Viel.

Quoi qu’en disent les esprits chagrins, Google (book.google.com), le moteur de recherche des ouvrages numérisés du géant américain, peut apporter quelques bonnes surprises aux curieux du val d’Ouvèze. En effet, sous le terme de « Mollans », ce moteur nous propulse dans le tome IV des œuvres  complètes de J.-J. Barthélémy, publié en 1821 par A. Belin et Bossange, page 585, et nous avons la joie de découvrir un texte curieux, une lettre du 18 janvier 1783 à M. de Saint-Vincens, qui raconte la trouvaille fortuite de quelque 300 cadavres : « Un particulier a trouvé à Mollans deux ou trois cents cadavres rangés les uns à côté des autres. Ils avaient chacun à côté d’eux une espèce de couteau fait de pierre à fusil. L’avidité de ce particulier a fait que sur-le-champ il a tout dérangé et tout brisé, espérant de trouver quelques pièces d’argent. Ses recherches ont été inutiles ; et il n’existe plus dans ce moment qu’un tas d’ossements brisés. Les couteaux ont été aussi mis en pièces. Ils avaient, lorsqu’ils étaient entiers, environ un pied de long. On n’a pu m’envoyer qu’un fragment qui a quatre pouces de longueur sur un de largeur. Il est triangulaire, et le bout est un peu recourbé. Il est aigu, paraissant avoir été poli à la meule. On serait tenté de croire que ces armes sont du temps où les habitants de cette contrée ne connaissaient pas l’usage du fer (Extr. de la lettre de M. de Saint-Vincens). »
On pense immédiatement au cimetière chalcolithique du Perpetairi (-2 500 ans environ avant J.-C.), fouillé en 1914 par les frères Catelan (1), repris par Rosselo (2) en 1960 puis par Jean Courtin (3). Une partie du mobilier exceptionnel trouvé a été présentée pendant des années au musée Calvet d’Avignon et la similitude avec la description ancienne nous incline à penser que l’identification du lieu est exacte.
Certes, on peut regretter la destruction d’un site certainement exceptionnel pour la connaissance de la Préhistoire du val d’Ouvèze ; le Mollanais de 1783 avait l’excuse de l’ignorance des choses de l’archéologie. Ce n’est plus forcément le cas de nos jours où bien des informations disparaissent à cause de l’avidité des plus-values foncières.

1. « Cimetière énéolithique de Perpetairi à Mollans (Drôme) » in Association Française pour l’Avancement des Sciences (Congrès du Havre, 1914), pp. 673-676.
2. « Les hypogées de Mollans (Drôme) », Cahiers rhodaniens, 8, 1961, pp. 3-22.
3. « La sépulture chalcolithique de Perpetairi à Mollans », Gallia Préhistoire, 1961, pp. 192-205.

* Article publié dans Mémoire d’Ouvèze, n° 7, 2007, p. 3.